Depuis plus de vingt ans, de nombreuses recherches sur le vieillissement soulignent l’importance de « l’engagement social » dans le maintien global de la santé. D’après ces études, l’interaction entre individus favorise le maintien de la santé aux niveaux cognitif, physique et émotionnel. D’après Chappell, McDonald et Stones, il se peut que l’interaction avec d’autres individus de la communauté soit plus importante pour les aînés que pour tout autre tranche de vie.
Aux États-Unis, la Fondation MacArthur est reconnue pour ses recherches sur le vieillissement. D’après les études menées par cette fondation depuis plusieurs décennies, l’engagement social est un des principes qui définit une vieillesse positive.
Être impliqué socialement sous-tend que les aînés, à la mesure de leurs habiletés, soient engagés dans des situations d’échanges verbales, de prises de décisions, de négociation, de résolution de problèmes et de traitement de nouvelles informations. Puisque nous sommes des êtres qui avons évolué en société, toutes ces compétences ont été acquises, à différents niveaux au fil des ans. Grâce à l’effet cumulatif des expériences de vie, l’implication sociale des aînés maintient et possiblement augmente les fonctions cognitives et émotionnelles. Landry (2014), ajoute que l’implication au niveau social est le moyen de résister à l’isolement; élément destructeur dans le cadre du vieillissement.
En 2011, le BBC news a publié un article intitulé « Loneliness is the ‘hidden killer’ of the elderly »; [La solitude est l’ennemi invisible des aînés, ( traduction libre)]. On y apprend qu’en Angleterre, près d’un aîné sur dix souffre de solitude intense. En 2006, une étude publiée dans la revue American Sociological Review stipule que 25% des Américains n’ont pas de confidents c’est-à-dire de personnes avec qui partager leurs pensées les plus intimes et, ce phénomène s’accroît depuis 1985. Ces gens vivent en marge de la société et n’ont pas ou peu de connexion sociale avec d’autres.
En 2014, la même agence a publié une étude qui démontre qu’un nombre grandissant d’hommes seuls ne réussissent pas à s’intégrer aux activités communautaires et souffrent de solitude et d’isolement. La Fondation MacArthur tire des conclusions semblables pour les États-Unis.
Ces études indiquent que les hommes qui vieillissent seuls et malheureux sont souvent veufs ou divorcés. Dans leur vie de couple, les épouses étaient souvent le maillon entre les membres des familles, celles qui tissaient les liens avec les voisins et la communauté et qui, au besoin, tendaient la main vers les autres. Donc, ces hommes en général n’ont pas l’habitude d’initier des démarches au niveau social et par conséquent ne sont souvent pas motivés à s’intégrer aux activités communautaires.
Mais si les hommes sont plus nombreux à vieillir isolés, bon nombre de femmes connaissent le même sort. Le manque d’intérêt pour les activités organisées et le niveau d’estime de soi pourraient jouer un rôle dans leur isolement. Et, c’est à se demander quel rôle la peur, le manque d’estime de soi ou le manque de confiance en l’autre jouent dans l’équation. Une étude menée par Saab, Matthews et McDonald postule que certains sujets féminins ont tendance à percevoir l’environnement social comme un aspirateur d’énergie plutôt que le contraire. Et, certaines le considère même comme une menace.
Il semble que le désir de ne pas s’impliquer au niveau social relève souvent des expériences antérieures, du manque de confiance en soi et du manque de confiance envers les autres. Pour certains, s’engager dans sa communauté semble une tâche au-delà de leurs forces. Est-ce que nous pouvons faire quelque chose pour aider au moins certains de ces individus?
SeniorAction soutient que le vieillissement peut être une étape de vie riche en possibilités, tant au niveau personnel que social. Ainsi, le site présente desentretiens avec des aînés qui, chacun à sa façon, devient un modèle d’interaction communautaire. Nous tentons donc de démontrer que l’engagement social enrichit la vie et lui donne un sens. Les personnalités avec qui nous nous sommes entretenus sont des aînés qui ont comme qualités premières courage et générosité. Ces personnes focalisent sur autre chose que le corps vieillissant, les pertes de mémoire, les courbatures ou la perte d’ouïe. Comme au hockey, ils lancent et comptent! Ce faisant, leur niveau de bien-être augmente et, par ricochet, ils deviennent des sources d’inspiration et d’éducation.
Il y a une multitude de ces personnes âgées qui travaillent discrètement dans toutes les sphères de la société. Elles contribuent non seulement au bon fonctionnement mais aussi à la qualité des services offerts. Pourtant, peu sont reconnues.
SeniorAction croit qu’il est important de reconnaître toutes les initiatives menées aujourd’hui par les aînés afin d’avoir un éclairage réaliste sur leur contribution au niveau social. Reconnaître les aînés qui servent de mentors aux jeunes employés en milieu de travail; célébrer les seniors qui font du bénévolat dans les pays du tiers-monde; honorer les bénévoles qui accompagnent les mourants, travaillent dans les prisons, s’occupent des sans-abris, travaillent auprès des écoliers, visitent les foyers de soins ou encore, libèrent les aidants naturels de façon ponctuelle.
SeniorAction propose la participation soutenue des aînés dans les émissions télévisées pour exposer l’ampleur de leur engagement social. Les personnes aînées sont nombreuses, mais les médias ne leur accordent ni la visibilité ni le temps d’antenne qui les représentent. La visibilité médiatique des aînés provient surtout des annonces publicitaires. Et pourtant, les aînés sont plus que des bouffeurs de médicaments ou consommateurs de voyages.
SeniorAction souligne une initiative qui gagne à être encouragée; celle de projets communautaires intergénérationnels où jeunes, salariés et aînés se concertent pour réaliser une activité, un projet ou geste qui va au-delà de projets individuels. Par exemple, à l’approche des Fêtes, nous sommes témoins de la coopération de toutes les générations pour aider les plus démunis. Ce type d’initiative intergénérationnelle gagnerait à être promu davantage.
SeniorAction serait prêt à participer et à rendre public l’engagement du personnel et des étudiants d’une école qui, en collaboration avec des aînés de leur communauté, initieraient un projet intergénérationnel pour une cause sociale qui leur tient à cœur. Le défi est lancé!
SeniorAction fait également appel à ses abonnés afin de recevoir des témoignages inspirants, entre autres, de projets intergénérationnels qui ont eu lieu dans leur communauté : ex; projets Lire-faire lire, projets Communication orale en langue étrangère via Skype, projets Foire de Sciences. Dans une communication ultérieure nous avons l’intention de partager certains projets de ce genre. Ce faisant, nous osons croire que, comme la boule de neige qui grossit en descendant la pente nous contribuerons, en travaillant ensemble, à encourager la création de multiples projets au sein desquels petits, grands et aînés travaillent en coopération dans un projet social significatif.
Références
Chappell, Neena, McDonald Lynn, Stones Michael (2008, 2004), Aging in Contemporary Canada, Pearson Education Canada, Toronto, Ont.
Coughlan,Sean (2011),www.bbc.co.uk/news/education-12324231
Landry, Roger (2014). Live long, die short, Green book Group Press, Austin.
Saab,PG, Matthews KA, Stoney CM, McDonald RH, Loneliness and Health: Potential Mechanisms, Psychomatic Medicine 64:407-417(2002)
Tun, A. Patricia, Martinez-Miller Dan, Lachman, Margie, Seeman,Teresa (2013), www,ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC3508192
Auteur : Jeanne Brideau
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