Compte rendu du livre PENSER AUTREMENT LE VIEILLISSEMENT (par Jeanne Renault)
Auteurs: Martial Van der Linden et Anne-Claude Juillerat Van der Linden
Publié chez Mardaga
Bruxelles 2014
260 pages
Martial Van der Linden est docteur en psychologie, professeur de psychopathologie et de neuropsychologie et professeur aux Universités de Genève et de Liège.
Anne-Claude Juillerat Van der Linden est docteure en psychologie, neuropsychologue clinicienne et chargée de cours à l’Université de Genève.
Ils ont tous les 2 fondé une association du nom de VIVA (Valoriser et intégrer pour vieillir autrement), qui promeut à l’échelle locale des mesures de prévention du vieillissement cérébral problématique.
Aperçu de ce livre
L’espérance de vie de nos ancêtres était de 55 ans. En 2012, l’espérance de vie au Canada était de 84 ans pour les femmes et 80 ans pour les hommes. Il fut un temps où oublier, avoir plus de difficultés ou moins de rapidité à comprendre, faisait partie du processus normal du vieillissement. Depuis 1970, le vieillissement est traité bio-médicalement comme une maladie à soigner.
On nous dit qu’il y a menace de crise de démence d’ici 2050. Les grandes compagnies pharmaceutiques cherchent à faire des évaluations de plus en plus précoces auprès des personnes vieillissantes; ces compagnies inventent des médicaments à administrer le plus tôt possible, pour reporter et guérir la démence. Ces mêmes compagnies demandent des crédits de recherche et tentent d’influencer les gouvernements qui en font une priorité nationale. Au fond, il s’agit d’entretenir les mythes de la JEUNESSE ÉTERNELLE et de l’IMMORTALITÉ, en évacuant la finitude, la fragilité, la vulnérabilité et la différence.
Cette vision du vieillissement est réductrice et fait en sorte que soignants et personnes vieillissantes attendent passivement le médicament miracle. La pensée courante nous présente un monde où les seules valeurs sont l’efficacité, le rendement, la compétition, l’individualisme, l’acquisition incessante d’habiletés cognitives au détriment de la compassion, la solidarité et l’engagement social. Une vision contraire mettrait l’accent sur le bien-être, la qualité de vie au lieu de voir le vieillissement comme un fardeau sur la personne et son entourage. Une vision contraire nous montrerait une société où les gens de tous les âges, les jeunes comme les personnes vieillissantes, auraient leur place et leur contribution à apporter.
Bien sûr, le vieillissement pose des difficultés, on ne peut pas se le cacher. Les humains ont plusieurs choses en commun: l’une de ces choses incontournables est que nous vieillissons tous. Le vieillissement apporte des difficultés au plan cognitif (connaissances). Il faut comprendre, aussi, que les difficultés qui accompagnent le vieillissement peuvent varier d’une personne à l’autre. Le vieillissement est complexe et individuel. Il est essentiel que l’ensemble de la société change son regard sur le vieillissement pour que les personnes vieillissantes changent elles-mêmes leurs perceptions de leur état et acceptent cette période naturelle de leur vie.
Les difficultés cognitives ne surgissent habituellement pas d’un seul coup, elles sont progressives, sur un continuum, intrinsèquement liées au vieillissement et influencées par de multiples facteurs. La santé cognitive commence à la naissance. De nombreuses études dans un grand nombre de pays en Europe et en Amérique du Nord ont démontré que:
- L’activité physique aura un impact plus important sur l’activité cérébrale vieillissante, si elle est pratiquée dès l’adolescence, et moindre mais existant tout de même , si elle est pratiquée à partir de la cinquantaine.
- Un plus grand nombre d’années d’étude est associé à un risque réduit de démence.
- Une personne avec une vulnérabilité sociale a un risque accru de présenter un déclin cognitif.
- L’engagement à des activités stimulantes cognitivement conduit à un meilleur fonctionnement cognitif ultérieur.
- Il existe un lien entre le stress psychologique et les difficultés cognitives sans oublier que les difficultés cognitives apportent leur lot de stress phychologique.
- La période du milieu de vie associée à un métier et à des buts dans la vie semble influer positivement sur le vieillissement.
- L’impact des toxines environnementales, tout au long de la vie, constitue un facteur de risque sur le vieillissement cérébral.
- Les troubles vasculaires (hypertension) ont également un impact important.
- Autres facteurs aggravants qui influent sur le vieillissement cérébral sont: diabète type 2, consommation de tabac, obésité abdominal, médicaments inappropriés, tabagisme, dépression, inactivité cognitive, inactivité physique, problèmes de sommeil, condition rénale chronique et mauvaise alimentation.
Les personnes âgées qui participent à des activités de loisirs manifestent une satisfaction de vie plus élevée que les personnes non actives et jouissent d’une meilleure santé. Les personnes qui consacrent du temps aux activités artistiques améliorent leur bien-être social et psychologique, augmentent la confiance en eux-mêmes et réduisent leur taux d’anxiété, sans oublier qu’elles profitent d’une amélioration de la mémoire. En plus des activités de loisirs et artistiques, les contacts intergénérationnels, selon des études, augmentent les émotions positives, créent une unité entre les générations et optimisent le fonctionnement cognitif autant chez les personnes vieillissantes que chez les plus jeunes et changent les attitudes des uns à l’égard des autres.
Nous voyons donc que le vieillissement cérébral-cognitif problématique est lié à des comportements de santé, de style de vie et à l’environnement….des facteurs sur lesquels on peut réfléchir et agir, sans toutefois en faire une obsession. Des programmes de prévention peuvent être mis en place. Il est nécessaire de favoriser les relations intergénérationnelles et de mettre en place de nouvelles structures en éducation qui mettent l’accent sur l’apprentissage continu, l’apprentissage par le service à la communauté ainsi que l’implication des aînés. L’examen du vieillissement doit se faire avec humilité et reposer sur des données empiriques.
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