par Jeanne Brideau
L’hiver dernier lors d’une visite au Vietnam, j’ai eu le bonheur de rencontrer Madame Kim Ninh Lu une dame de 84 ans. C’était tôt un samedi matin et, accompagnée d’An et de Linh deux étudiantes du secondaire, je me suis rendue au bord du Lac Hoan Kiem à Hanoi. Nous nous y rendions pour rencontrer des aînés et en jasant avec eux apprendre comment ils vivaient leur vieillesse. J’ai voulu partager cette rencontre avec vous, car une fois de plus, j’ai été témoin de la valeur des histoires de vie des aînés du monde entier et de l’impact que la transmission de ces récits peut avoir chez les jeunes.
Mme Lu, comme de nombreux aînés, se rend au bord du lac chaque matin pour faire son activité physique de la journée. Quand nous l’avons rencontrée, elle se reposait après avoir terminé son Tai Chi qu’elle pratiquait seule. Grâce aux habiletés sociales de mes jeunes accompagnatrices, nous avons connu cette dame exceptionnelle qui fut, une année, nommée Mère héroïque du Vietnam.
Jeune adulte, Kim Ninh a participé à deux guerres pour défendre son pays contre les envahisseurs et pendant son service militaire elle a perdu ses deux parents. Puis, elle est allée étudier la comptabilité dans une université réputée de son pays et est devenue comptable. Elle s’est ensuite mariée et est devenue maman. Devenus adultes, deux de ses fils sont revenus de la guerre du Vietnam handicapés à vie. Elle vit maintenant avec un de ses enfants et se dit heureuse parce que la situation financière de sa famille est bonne. Quand Linh lui a demandé quel conseil Madame Lu avait à lui donner, voici un de ses conseils : étudier c’est important et tout ce que nous entreprenons doit être valable.
Cet entretien reste gravé dans ma mémoire parce qu’une fois de plus j’ai constaté la magie de la connectivité entre les deux générations. Après l’entretien avec Mme Lu, pendant qu’An et moi jasions avec un autre aîné, je me suis rendu compte que Linh était restée près de la vieille dame et qu’elle continuait la conversation. À un certain moment, je me suis aussi rendu compte que l’étudiante est devenue très émue par ce que la vieille dame lui racontait. Par après, Linh m’a confié qu’elle venait d’apprendre à quel point Mme Lu avait souffert pour assurer la survie de leur pays.
Donc aujourd’hui, si je vous raconte cette histoire c’est que j’ai été témoin, une fois de plus, de la nécessité de créer des situations de partage entre jeunes et aînés. D’une part, beaucoup d’aînés souffrent de solitude et du sentiment de ne plus être utile. Quant aux jeunes, il y a parfois l’absence de balises pour contrebalancer les exigences des parents, des paires et de la société. Deux solitudes, deux réalités, des besoins en commun: être reconnu, être entendu et être accepté. Merci Mme Lu d’avoir accepté de nous accorder une petite demi-heure de connectivité.
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